Comme Yves Berger, toute petite je suis tombée amoureuse de "l'Amérique"...ce furent Tom Sawyer, l'Oncle Tom, Les quatre filles du Dr March, Le dernier des Mohicans...Combien de petites filles de ma génération ont rêvé d'être Joe March...(plus que Beth, Meg ou Amy)
Et puis le temps a passé, et les livres aussi...et ce fut la découverte de grands auteurs...
Etonnants Voyageurs, le festival du livre de voyage a joué un grand rôle, j'ai découvert Tony Hillerman, Jim Harrison, et tant d'autres...et j'ai pris le train des Ecrivains du Montana...
comme toujours il me faut tout lire...et depuis que j'ai épuisé certains auteurs je reprends en Vo, car c'est mieux et je ne connais pas tous les titres...ah si j'avais assez de talent pour être traductrice...j'offrirais à mes soeurs de France, tout Annie Dillard, Sue Hubbell, et mêmes les livres de bricolage d'Annie Proulx...et et et...
Pour le moment je relis "La consolation des grands espaces " de Gretel Ehrlich...La forme du livre me plaît, j'aime les essais, on y sent mieux vibrer l'auteur...
Une femme tente de survivre à la mort de celui qu'elle aimait...Elle reste là où elle tournait un film et va partager sa vie entre le travail dans les ranches et l'écriture...Attention, pas pour jouer à la fermière , elle besogne autant que les autres et vit leur existence dure et passionnante...
Les personnages sont étonnants, les paysages fabuleux, les hivers terribles...
C'est fort, âpre, décapant, vivifiant...votre jean restera collé à la selle...et vous serez sans voix en regardant Henry gronder la vache morte..."si jamais je t'y reprends..."vous ne regarderez plus un troupeau de la même façon et la chanson du vent sera différente...
"Aujourd'hui, le ciel est une hostie. Placée sur ma langue, c'est une plénitude qui s'est déjà désintégrée. Dessous, elle fait battre mon coeur si fort que tout mon être se tend vers les splendeurs de l'hiver. A présent, je sais la fragilité à laquelle cette saison aspire. Sa vulnérabilité ne peut plus être corrompue. La mort est sa pureté, sa douce boue. La ribambelle d'orages qui défilent à travers le Wyoming, tels des éléphants se tenant par le trompe, faiblit et pleure jusqu'au silence.
Plus de soleil, plus de vent, ni de chutes de neige. Les chasseurs sont partis; les oies des neiges se dandinent dans les champs. Déjà les wapitis sortent des montagnes pour gagner les refuges où ils seront nourris. Leurs grands bois tomberont bientôt comme on décroche les lustres d'une salle de bal. Sans eux, la lumière de ces jours d'automne, baignés de ce que Tennyson appelle "une parodie de soleil" aura totalement disparu."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire